Ce livre nous fait entrer dans un monde de l'entre-deux, le plus souvent marginal, celui des homosexuels masculins parisiens. Le choix du moment est subtil : l'auteur suit le mouvement de bascule de l'Ancien Régime au premier xix^e siècle. Le point de vue est judicieux car c'est un temps de profonde transition culturelle. Alliant la dimension documentaire et la dimension analytique, ce livre dit de façon fascinante les conditions d'existence de ces hommes voués aux marges et tente aussi de comprendre les fondements de leur exclusion. Cet ouvrage est une pièce significative dans l'entreprise actuelle de découverte historique de la vie homosexuelle. De la dernière partie de l’Ancien Régime à la première moitié du xix^e siècle, la notion d’homosexualité masculine est en cours de construction. À Paris, les discours et les perceptions autour des pratiques sexuelles et amoureuses entre hommes se multiplient : on assiste au développement d’une subculture spécifique. C’est par le biais de la dénonciation des outrages aux mœurs et de la protection de la jeunesse que la répression s’exerce. Les faits d’homosexualité dans la ville sont englobés dans les fléaux sociaux divers. Vers 1850, le concept d’homosexualité reste encore en construction et il ne semble pas y avoir une stigmatisation égale de l’homosexualité dans son ensemble. Il persiste encore largement des perceptions différenciées : c’est l’homosexuel passif qui est dénoncé comme celui qui transgresse les normes de la masculinité.