L’artiste et photographe Ianna Andréadis a invité les habitants d’Ivry-sur-Seine à un travail de photographie partagée. Orchestrée par elle, analysée et décrite à distance par Danièle Méaux, spécialiste de photographie contemporaine, cette œuvre visuelle symphonique a pris forme au cours de l’année 2020-2021. Résidant elle-même à Ivry, Ianna Andréadis a collecté au quotidien les images reçues comme elle avait déjà pu le faire pour les fenêtres d’Athènes et d’Alger. 
La règle du jeu : envoyer une photo réalisée à travers la fenêtre qui cadre une prise de vue frontale et axiale, entre l’espace familier du chez-soi et la ville vue au dehors.
Le résultat offre un panorama varié et spectaculaire du visible d’une ville, avec son endroit et son envers, son cœur et ses marges, les motifs architecturaux et la skyline des différents quartiers, proches et lointains. Formant des refrains et des rimes visuelles dans la réciprocité des points de vue, ces images expriment l’emprise du temps qui passe et du temps qu’il fait, sous des ciels changeants. Le système visuel que propose l’ouvrage permet de circonscrire l’espace urbain, de le capter ou, comme on le dit d’un paysage, de l’embrasser du regard. 
Et plus encore que leurs photographies, la liste des noms des gens qui ont participé, soigneusement inscrite en fin d’ouvrage, dessine le plan des quartiers.
L’ensemble compose l’image plurielle d’une banlieue rouge de Paris, une sorte de catalogue sensible des manières d’y habiter.